Des origines de l'économie de la santé
Traditionnellement, les économistes de la santé considèrent que la discipline est née dans les années 1960 avec un premier article du prix Nobel d'économie (1963), Kenneth Arrow.
En France, alors même qu'elle est voulue dès le début des années 1960, ce n'est que dans les années 1980, et avec un contexte économique marqué par des restrictions budgétaires importantes, qu'apparaîtra la nécessité d'un choix des dépenses face à des moyens stagnants ou décroissants. L'apport du calcul économique et sa capacité à donner une allocation plus optimale des ressources sont alors perceptibles.
Bien que l'économie se trouve une application plus large dans le domaine de la santé, elle a été mise en avant dans ses débuts uniquement dans un objectif de maîtrise des coûts. Malheur pour l'économiste qui devait alors se contenter d'une application comptable et respecter un budget alloué.
Or, le raisonnement économique est avant tout fondé sur la notion du coût d'opportunité qui traduit un sacrifice consenti. Ce coût peut s'exprimer comme ce qu'on « n'a pas pu faire » en ayant fait notre choix. Autrement dit, l'euro supplémentaire dépensé pour la santé, ne le sera pas pour l'industrie ou l'éducation. L'approche économique qui inclut ce coût d'opportunité va bien plus loin que le simple fait de maîtriser les dépenses de santé.
L'économie de la santé, comme d'autres domaines, peut s'évaluer de deux points de vue différents : macroéconomique ou microéconomique. Le premier concept explique les interactions de façon globale, alors que le second approche le comportement des individus mêmes.
Pour certains économistes on ne peut pas faire de lien entre les deux concepts ; les politiques publiques (exemple du choix du budget de santé ou de l'éducation, ou la fiscalisation) ont un effet sur les individus, mais on ne peut simplement pas tirer de conclusion micro-économique à partir de données macro-économiques et vice versa. Ce qui peut présenter un choix rationnel et bon pour la société (exemple de la fiscalisation) est naturellement considéré comme une contrainte pour l'individu. De la même manière, ce qui procure un bien être à un individu ne peut pas toujours se transposer pour l'ensemble de la société. L'exemple simple est le cas d'un fumeur, qui fait un choix de consommation pour sa satisfaction personnelle, mais qui peut nuire à la société. De même, pour les conduites à risque sur la route.
La santé demeure un domaine où l'équité et la quête de l'efficience trouvent tout leurs sens. On cherche une efficience économique mettant en relation les coûts et les conséquences sur la santé des décisions publiques.
L'efficience économique se distingue de l'efficacité économique, ce dernier est le rapport entre les résultats atteints et les objectifs qui étaient visés a priori, pour le premier il s'agit des résultats atteints par rapport aux ressources utilisés pour les atteindre. Cette efficience économique permet d'expliquer l'importance accordée par un pays à l'état de santé de sa population et les moyens mobilisés pour cet objectif.
Dès le départ, la notion d'efficience a été introduite dans l'analyse économique en santé. Mais il n'en a pas été autant pour la question d'équité. Cette notion qui a aujourd'hui entièrement sa place dans le domaine a nécessité de recourir à des critères de jugement issus de la théorie de justice sociale permettant d'identifier les inégalités qui appellent une action de la part des pouvoirs publics.
La recherche de l'équité a également naturellement conduit les économistes vers une approche plus microéconomique en incluant dans l'analyse le point de vue des agents économique.