Le lien entre santé et croissance
Le lien entre croissance, développement économique et santé est complexe. On peut considérer qu'il est à double sens.
Le niveau de vie, favorisé par le développement économique, peut avoir un effet important le niveau de santé en permettant l'accès aux soins. Ainsi de bonnes conditions de vie et d'hygiène peuvent-elles contribuer à limiter la propagation de maladies contagieuses. La diminution de la mortalité peut également être très influencée par le niveau d'éducation d'une population et les connaissances qu'elle peut avoir des moyens de prévention. Enfin, le développement économique, peut, au travers de l'élévation du niveau de vie, permettre l'accès à un système de soins plus moderne et plus efficace.
Comme l'a montré le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans son rapport de 1996 sur le développement humain, ou plus récemment l'OMS, il existe une corrélation entre niveau de richesse et espérance de vie.
Une augmentation de 1% du PIB par habitant par an provoquerait en moyenne une augmentation de 0.13% de l'espérance de vie et une réduction de 1% de la mortalité infantile dans les pays à bas revenu.
Ce raisonnement pourtant a ses limites. Ainsi Jean GADREY (alternatives Économiques -« l'économie durable » n°83) a t-il montré qu'à partir de 14 200 € de PIB par habitant il n'existait plus de corrélation entre le PIB et l'espérance de vie. Le Costa Rica et le Chili ont le même résultat que le Japon ou les États-Unis qui ont un PIB par habitant 4 fois plus important. Ce résultat traduit l'existence de rendements décroissants : au delà d'un certain niveau de vie et de moyens, les effets bénéfiques sur la santé sont moins importants.
La relation entre santé et croissance n'est donc pas linéaire. Et la santé dépend d'autres facteurs que du niveau de développement d'un pays, comme l'existence de conflits internes, le degré de démocratie, les conditions géographiques.
A l'inverse, Le niveau de santé peut favoriser la croissance.
Il peut influencer les capacités productives des individus et augmenter leur potentialité. Il peut également diminuer l'absentéisme à l'école pour cause médicale et élever à terme le niveau d'éducation d'un pays. Il peut également conduire à un accroissement de l'épargne nécessaire pour couvrir les besoins de la population, notamment âgée, de l'investissement et de la consommation dans la sphère économique. Dans son article intitulé "Les relations entre santé, développement et réduction de la pauvreté", Jean-Claude Berthélémy indique qu'un accroissement de 1 point du taux de survie des adultes augmenterait la productivité du travail de 2.8% avec un intervalle de confiance à 95% compris entre 1.2 et 4.3%.
Cette corrélation était déjà évoquée en 1996, par le PNUD : "l'insuffisance de la santé, de l'éducation et de la nutrition continueront à ralentir les progrès de la croissance sans laquelle, il n'y aura toujours pas assez de ressources à investir dans le développement humain".
Toutefois, à nouveau, la sortie du sous-développement ne se fera pas simplement par une augmentation des budgets d'aide à la santé. Le système doit tendre vers plus d'efficience au travers par exemple d'une réflexion sur la gestion de ressources humaines rares, de la meilleure coordination des financeurs, en particulier internationaux, mais également des acteurs locaux.
Pour en savoir plus :
Les liens entre la croissance et le développement humain - Rapport du PNUD de 1996