Analyse comparative des systèmes de santé

Trois grands modèles de protection sociale

On distingue classiquement trois grands modèles de protection sociale dans les pays industrialisés

  1. Le système Bismarkien, le plus ancien, introduit en Allemagne à la fin du 19° siècle par le chancelier Bismark (1883). Il s'agit de régimes obligatoires d'assurance sociale fondés sur une affiliation professionnelle. Ce système garantit un revenu de compensation en cas de perte de revenu liée à la réalisation d'un risque social : maladie, accident du travail, invalidité ou vieillesse. Ces assurances sociales, qui sont destinées à protéger les travailleurs, sont obligatoires, et fortement contrôlées par l'Etat. Le mode de gestion est décentralisé (caisses), confié aux partenaires sociaux. Les assurances sont financées par des cotisations proportionnelles au salaire, partagées entre salariés et employeurs. La couverture des risques n'engage pas directement les finances publiques, mais la parafiscalité qu'elle engendre entraîne un alourdissement des prélèvements obligatoires.

  2. Le système Beveridgien, plus récent, apparu en Angleterre en 1942 a été proposé par Lord Béveridge. Il aboutit en 1948 à la création d'un monopole de santé publique d'Etat. Ce système se veut être un système généralisé et uniformisé de prestations sociales, financé par des contributions forfaitaires et délivrant des prestations forfaitaires. Il s'agit donc d'un système universel de protection sociale non lié à l'emploi (donc sans affiliation), financé par l'impôt et engageant directement les finances publiques. De fait, l'ensemble des citoyens devait être couvert par le système qui devait verser à tous, une prestation de même montant quel que soit le risque réalisé. Le système Béveridgien vise la règle des 3 U : universalité (toute la population doit être couverte), unité (une seule assurance nationale gérée par l'Etat), uniformité (droits équivalents, de même montant pour tous).

  3. Le système d'inspiration libérale, implanté aux Etats Unis, sans obligation d'assurance. Il s'agit en fait d'un système mixte, qui combine l'assurance privée volontaire avec un grand nombre d'opérateurs en concurrence (concernant environ 75% de la population), des mesures d'assistance destinées aux familles défavorisées sous un plafond de ressources (programme Medicaid, financé par l'impôt, géré par les Etats, représentant environ 14% des dépenses de santé), un système d'assurance-maladie obligatoire de type bismarkien (programme Medicare financé par des cotisations sociales versées par les entreprises et leurs salariés, représentant environ 20% des dépenses). Les bénéficiaires des programmes publics représentent environ 10% de la population et on estime à 15% la proportion des américains dépourvus de toute assurance (soit environ 43 millions de personnes).

Même si la typologie qui vient de vous êtes présentée est encore très largement utilisée car elle reste fondatrice des grands systèmes de santé actuels, il est également important de savoir que de nouvelles typologies sont apparues depuis les années 70. Les auteurs qui ont développé ces nouvelles classifications ont souhaité améliorer les typologies initiales que représentaient le modèle Bismarckien, Béveridien et libéral. Tel a été le cas de Titmuss d'un côté (en 1974) et Esping-Andersen de l'autre (en 1990).

Le document ci-dessous vous donne une idée des grandes caractéristiques de ces nouvelles classifications contemporaines. Ces caractéristiques sont issues d'un extrait de livre écrit par Chantal Euzéby et Julien Reysz : la dynamique de la protection sociale en Europe..

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