Introduction
La littérature concernant l'impact de la personnalité sur la santé et la maladie est à la fois très abondante et hétérogène (Bruchon-Schweitzer et Quintard). Ainsi, différents auteurs ont souhaité définir des profils complexes de personnalités présentant des risques pour certaines maladies, notamment les maladies cardiovasculaires et les cancers ... (Type A, Type C). Mais à l'heure actuelle, ces profils sont largement remis en question et les études récentes s'intéressent plus à des traits spécifiques de la personnalité (affects dépressifs, affects anxieux, colère, hostilité) qui pourraient être déterminants dans l'apparition et le développement de certaines maladies. Après cette mise en garde, les profils de personnalité de Type A et de Type C seront présentés dans un souci historique afin que le lecteur prenne connaissance également de ces études, mais avec toutes les réserves actuelles émises à leur encontre.Dans les années 60, deux cardiologues américains ont décrit un profil de personnalité de Type A à risque de maladies cardio-vasculaires. Ce profil se définissait par un ensemble de caractéristiques :
sentiment d'urgence du temps et d'impatience,
désir de réussite et de reconnaissance sociale (avec une recherche de compétitivité)
sentiment général de colère et d'hostilité. Différentes études ont été réalisées avec des résultats contradictoires quant au risque de crise cardiaque chez les personnes présentant un profil de Type A. Ainsi, Friedman et Rosenman (1974), Grossarth-Maticek et Eysenck (1990) observent une prévalence plus importante de maladie coronarienne chez les personnes de Type A alors que Shekelle et coll. (1985) n'ont pas permis de retrouver cette relation. Plus récemment, le Type A n'a plus été considéré comme une structure stable de personnalité mais plutôt comme un mode d'interaction entre une personne et son environnement, ce dernier étant perçu comme compétitif et/ou hostile. Contrada, Leventhal et O'Leary (1990) résument différents modèles explicatifs du lien entre Type A et risques coronariens ; selon ces auteurs, les personnes présentant ce profil auraient tendance à s'exposer à des situations stressantes et à vouloir absolument les contrôler. Ce type de profil global de personnalité est très fortement remis en question et, actuellement, l'intérêt des études se focalise sur les traits spécifiques de la personnalité. Afin de mieux les appréhender, ils feront l'objet de trois parties séparées : dans un premier temps seront traitées l'affectivité négative et les différences individuelles dans le vécu des émotions négatives comme la colère, la tristesse, l'anxiété ainsi que leurs liens avec la santé et la maladie ; la deuxième partie s'intéressera à l'expression des émotions et se focalisera principalement sur les manifestations expressives des émotions négatives et non sur le vécu subjectif de celles-ci ; enfin, la troisième partie sera consacrée aux facteurs de personnalité pouvant entraîner un effet protecteur pour la santé.