Définition et concepts-clés de l'anthropologie médicale
Le terme d'anthropologie médicale ou medical anthropology, a été utilisé en Amérique du Nord vers les années 1970, selon une approche très empiriste avec le paradigme de l'écologie et de l'épidémiologie socioculturelle de McElroy et Townsend (1979) (Saillant & Genest, 2005).
Signes, sens et actions
Dans le champ de l'anthropologie médicale, les notions les plus importantes sont celles de signes et de sens (issus des courants sémiologiques) et d'actions résultant d'expérience et de vécu (issus de la pensée phénoménologique2[1])
Ces notions s'inscrivent donc dans les courants de la sémiologie, de l'interprétation et de l'herméneutique3[2] ; s'y ajoutent de puissants courants critiques issus des déterminants sociaux de la santé et de l'anthropologie du bio-politique ; de plus, on assiste à un retour massif de l'écologie dans la lecture des problèmes de santé, à un re-questionnement des dimensions éthiques et à une application renouvelée des sciences sociales à l'épidémiologie ; enfin, les approches biologiques s'ancrent de plus en plus dans la biologie fondamentale.
Ainsi, par exemple, les anthropologues médicaux étudient de plus en plus les plaintes des personnes malades en tant qu'elles s'expriment à travers un idiome de détresse ancré, d'une part, dans les valeurs sociales et culturelles du groupe d'appartenance de la personne et dans leurs conditions quotidiennes (environnementales) de vie, dans l'expérience subjective que les malades font de leur maladie et dans leur histoire biologique. L'anthropologie médicale est en train de se recomposer en prenant en compte le courant écosystémique en santé, l'importance accrue donnée à la biologie moléculaire et les considérations pour les aspects psychologiques.

La mondialisation des problèmes de santé (ex. augmentation de la prévalence du diabète et de l'obésité, épidémie de grippe aviaire et porcine, développement du SRAS, du virus d'Ebola et de celui et ceux d'autres fièvres hémorragiques) qui nous menacent, la résurgence de maladies déjà éradiquées qui pourraient être réactivées (ex. souches de variole stockées et utilisées à des fins terroristes), le Sida et l'accès aux antirétroviraux, mais aussi la mobilité des professionnels de santé du Sud vers les pays riches constituent de nouveaux objets de recherche en anthropologie de la santé. Leur compréhension et leur gestion imposent une approche mondiale et globale en portant une attention particulière sur le contexte environnemental et socio-culturel dans lequel ils se développent.